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Réf : BNF Tolbiac - Cote 8 LK7 460
Date : 12/04/1814
Commentaire : Du rififi à Arnay-le-Duc à l'occasion du retour du roi Louis XVIII, en 1814. Les bonapartistes des "bandes de Saulieu" ne se laissent pas faire. Certains ont osé crier "Vive l'Empereur" au moment où le drapeau blanc du Roi remplace le drapeau tricolore !
Ce document a été imprimé en juin 1815, pendant les Cent-Jours. Ses signataires ont dû passer un mauvais quart d'heure ...

Conduite qu'ont tenue les autorités de la ville d'Arnay-sur-Arroux, en 1814, envers leurs administrés ; pot-pourri ; amende honorable ou quelque chose d'approchant.

Auteur : Le Maire et des membres du Conseil Municipal d'Arnay-le-Duc

Imprimerie Carion - Dijon , juin 1815


 
 

 

Arnay-sur-Arroux (Côte d'Or) le 12 avril 1814

Les membres des autorités civiles et judiciaires de la ville d'Arnay-sur-Arroux,

à Monsieur le baron de Bartenstein, gouverneur général du département de la Côte-d'Or.

 

Monsieur,

Les autorités civiles et judiciaires, accompagnées des membres du conseil de la commune et d'un grand nombre de bons citoyens, publièrent hier avec la plus grande solennité l'acte du Sénat qui prononce la déchéance de Napoléon Bonaparte, et autres pièces relatives à cet heureux évènement.

Cette lecture fut entendue par le public avec le plus grand intérêt, et suivie des acclamations mille fois répétées de "Vive Louis XVIII ! Vive les puissances alliées ! Vive la paix !". Le drapeau blanc fut de suite placé sur l'hôtel de ville, et le cortège était sur le point de rentrer, quand des cris de "Vive l'empereur Napoléon ! A bas la cocarde blanche !" se sont fait entendre.

A l'instant les bons citoyens s'empressèrent d'arrêter l'individu qui paraissait être à la tête du parti ; et comme ils le conduisaient en prison, ses partisans l'arrachèrent de leurs mains avec tant de violence, qu'un membre du conseil municipal fut outragé et fortement frappé, avec des imprécations et des menaces envers la chose publique et les magistrats : la prudence fit prendre le parti de la retraite.

Cette rébellion, l'outrage fait au nouveau gouvernement, ne peuvent rester impunis, sans quoi les lois seraient sans force, et les magistrats sans autorité. Nous ne vous tairons point, Monsieur, qu'il existe dans cette petite ville quelques malveillans très hardis et très entreprenans, qui depuis long-temps ne cessent de nous donner la plus grande sollicitude, ainsi qu'à tous les bons citoyens.

Cette réunion est composée de militaires retirés qui ont tout tenté pour former des compagnies franches ; de gens qui font partie de la bande de partisans qui existe encore aujourd'hui à Chissey, entre Autun et Saulieu, et enfin de quelques individus repris de justice pour faits graves.

Ces malveillans sont :

  • Jean Gérard, boucher en cette ville, ex-militaire pensionné, qui a rudement frappé le membre du conseil M. de la Bresle de Saint-Gérand, homme paisible, estimé et aimé de tout le monde ;
  • Jean Delas, fils ainé de Jean Delas, huissier en cette ville, faisant partie de la bande de Chissey;
  • le dénommé Cugny, orfèvre à Arnay, homme colère, méchant, dangereux, repris plusieurs fois de justice pour faits graves, et mis en surveillance par le ministre de la police générale;
  • enfin le dénommé Chauvelot, du hameau de Maizières, commune de Magnien, canton d'Arnay, ex-militaire, et celui qui était à la tête du parti.
 

Nous vous prions donc, monsieur le gouverneur, de nous envoyer ici promptement vingt-cinq hommes de cavalerie et autant d'infanterie, qui se saisiront et conduiront par-devant vous ces quatre individus, que vous ferez emprisonner pendant tout le temps que vous jugerez à propos.

Nous sommes véritablement affligés d'être forcés d'avoir recours à une pareille mesure ; mais, nous le répétons, nous ne parviendrons point à maintenir l'ordre et la tranquillité publique sans la mesure que nous vous proposons de prendre. Il serait à propos que ce détachement fût commandé par un officier qui sût parler notre langue.

Nous sommes avec respect, Monsieur,

vos très humbles et obéissans serviteurs,

Godard-Barive, juge de paix;
Billequin, maire (1);
Gautrelet, premier adjoint

P.S. Pour assurer l'expédition, il convient que le commandant du détachement arrive à la ville quelques heures avant, afin de pouvoir lui donner les renseignements nécessaires sans lesquels l'arrestation pourrait ne pas avoir lieu.

 

(1) Claude-Philippe Billequin fut maire d'Arnay de 1804 à 1815, y compris pendant les Cent-Jours. La publication de ce courrier ne semble donc pas avoir eu d'effet sur son mandat. Il fut destitué en 1815 au profit de Pierre de Bouvand (1ère restauration).

 

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