Rien
n'est plus avantageux, ni plus précieux, dans une
communauté, que l'esprit de paix et de concorde.
Rien n'est plus propre à l'entretenir que les assemblées
de fidèles qui se font sous les différentes
dénominations de confrérie et d'association.
C'est pour obtenir cet esprit d'union entre les habitants
de la paroisse de Saint-Agnan que M. Chartraire, comte de
Montigny et de Bierre, seigneur de Saint-Agnan, lieutenant
du roi pour les villes et châteaux de Semur-en-Auxois,
vient d'ériger à perpétuité
dans l'église paroissiale dudit Saint-Agnan, la Confrérie
de Saint-Hubert, afin que chaque habitant puisse, à
l'imitation du patron de la confrérie, pratiquer
les vertus morales et chrétiennes dans la vue que
s'est proposée M. Chartraire de Montigny, instituteur
de ladite confrérie.
Et comme les actions humaines ne sont dignes de louange
et de récompense devant Dieu et devant les hommes
qu'autant qu'elles sont conformes aux règles qui
les prescrivent, les personnes qui auront dessein d'entrer
dans la confrérie seront tenues de suivre point à
point les statuts ci-après :
Article
premier. - La confrérie de Saint-Hubert érigée
dans l'église de Saint-Agnan sera sous la conduite
d'un aumônier qui en sera en même temps directeur,
d'un capitaine, d'un lieutenant et d'un enseigne.
Art.
2. - M. le curé sera prié par M. Chartraire
de Montignv ou ses successeurs, seigneurs de Saint-Agnan,
et par tous les confrères, de vouloir bien accepter
la qualité d'aumônier, directeur de ladite
Confrérie.
Art.
3. - M. Chartraire de Montigny et ses successeurs, seigneurs
de Saint-Agnan, seront de droit capitaines de la Confrérie.
Art.
4. - Le lieutenant et l'enseigne seront nommés par
le capitaine de concert avec l'aumônier directeur.
Art.
5. - Il sera fait choix chaque année par les officiers
et autres confrères d'un secrétaire et d'un
receveur de la Confrérie, lesquels ne pourront être
pris que dans le nombre des habitants de St-Agnan.
Art.
6. - Pourront être continués pendant plusieurs
années, lesdits secrétaire et receveur, s'il
est jugé utile pour le bien de la confrérie.
Art.
7. - Les fonctions du secrétaire seront d'inscrire
sur le registre de la Confrérie ceux qui seront admis,
et tous les autres actes qui auront rapport à ladite
Confrérie.
Art.
8. - Les fonctions du receveur seront de recevoir le droit
que chaque confrère doit par an et de payer la dépense
qui sera faite pour les messes qui seront dites le jour,
le lendemain de la fête du patron de la Confrérie,
ainsi que le luminaire nécessaire pour les messes.
Il sera, en outre, tenu de rendre compte de la gestion le
lendemain de la fête de Saint-Hubert pour chaque année
d'exercice, en présence du capitaine ou du premier
officier qui s'y trouvera, et de l'aumônier qui auront
droit d'arrêter son compte.
Art.
9. - Chaque personne qui voudra se faire admettre à
la Confrérie se présentera au capitaine pour
avoir son agrément. Après quoi, ils seront
inscrits sur le registre à ce destiné. Et
nul ne pourra y être admis s'il n'est réputé
de bonne vie et moeurs.
Art.
10. - Chaque confrère sera tenu de payer, chaque
année deux sols au receveur de la dite Confrérie,
pour être employés aux frais nécessaires.
Art.
11. - Les confrères vivront en bonne intelligence
et concorde entre eux et aucun d'eux ne pourra intenter
procès aux confrères sans en avoir auparavant
obtenu l'agrément de M. le capitaine qui lui permettra
dans le cas où le différend ne pourrait être
concilié à l'amiable.
Art.
12. - Le jour de la fête de Saint-Hubert, il sera
célébré une grand'messe à l'autel
de Saint-Hubert, pendant laquelle il sera offert un pain
bénit, suivant l'usage, après quoi il y aura
une procession de tous les confrères autour de l'église
de Saint-Agnan, chacun dans leur ordre et le lendemain de
la fête, il sera célébré une
messe de Requiem pour le repos de l'âme des confrères
décédés, le tout aux frais de la Confrérie.
Art.
13. - Tous les confrères qui ne seront pas empêchés
pour une cause légitime. seront tenus de se trouver
au château de Saint-Agnan le jour de la Saint-Hubert
pour aller à la chasse dans l'endroit qui leur sera
indiqué par le capitaine au cas qu'il soit à
Saint-Agnan et par celui qui, en son absence, commandera
la traque à la chasse.
Art.
14. - Si quelqu'un des confrères tue un chevreuil
ou sanglier sans en avoir averti aussitôt après
le capitaine ou le premier officier qui se trouvera alors
à Saint-Agnan, sa médaille lui sera ôtée
et il sera rayé du registre de la Confrérie.
Art.
15. - Les jours indiqués par quelqu'un des offlciers
pour chasser à la traque ou autrement, tous les confrères
seront obligés de se trouver au rendez-vous, et ceux
qui n'auront pas la médaille de la Confrérie
ne pourront être reçus pour fusillers mais
seulement pour traqueurs.
Art.
16. - L'aumônier aura soin de lire une fois l'an,
au moins, à haute et intelligible voix les règlements
afin d'instruire les confrères de leurs obligations.
Art.
17. - Les confrères réciteront, tous les vendredis
de chaque semaine, trois fois le Pater et trois fois l'Ave
Maria pour les offliciers de la Confrérie et pour
les autres confrères.
Art.
18. - Les pratiques ci-dessus proposées n'obligent
d'aucune manière ni sous peine d'aucun péché
: l'intention de l'instituteur étant d'en laisser
l'accomplissement à la piété des confrères.
Les
présents statuts ont été lus à
haute et intelligible voix à la messe paroissiale
Saint-Agnan, aujourd'hui 1er janvier 1742, par moi soussigné
directeur de ladite Confrérie : MILLOT, prêtre.
Ce jourd'hui, ler janvier 1742, les confrères ayant
été invités par M. Millot, curé
de Saint-Agnan et directeur de la Confrérie, à
la réquisition de M. Chartraire de Montigny, de voter
à l'église à l'issue de la messe paroissiale
pour procéder à la nomination des officiers
de la dite Confrérie; ils ont unanimement fait choix
de M. Chartraire de Montigny pour capitaine, du sieur Claude
Louet. pour lieutenant ; du sieur Pierre Armand, pour enseigne;
du sieur Jean-Marie Guyot, pour secrétaire et de
Joseph Pompon, pour receveur des deniers de la Confrérie.
Lequel seigneur ci-présent a bien voulu accepter
les qualités de capitaine, ainsi que les autres officiers
celles qui leur ont été déférées
et ont signé avec les confrères présents,
le sachant faire :
Chartraire de Montigny, Millot, prêtre, Gaillard,
Decharolles, Carré, Louet, Armand, Guyot, J. Pompon,
Boillot, Pierre Mercier, garde, pour M. Dumontal (sic) représentant
M. le comte de Dumontal, Monseigneur [le marquis de Montal]
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