1684
Conforgien
est un des lieux de diffusion de la religion réformée
en Bourgogne et Nivernais depuis bientôt un siècle,
et cela n'est pas du tout du goût des supporters de
la religion catholique.
22
février 1684 - Le seigneur de Conforgien condamné
pour "séquestration"
Suzanne
Boullenat née Veau est la veuve du pasteur Pierre Boullenat
qui a exercé de nombreuses années à Valjaucourt,
et s'est rendu célèbre pour son zèle
militant. Devant les menaces du moment, elle vient se réfugier
à Conforgien où le seigneur Louis de l'Isle
du Gast d'Olon lui offre aide et hospitalité.
Mais
le parti catholique s'est fixé comme objectif de la
faire abjurer. Son fils Jean-Louis Veau, marchand pelletier
à Château-Chinon (fraîchement converti),
attaque le seigneur de Conforgien en justice pour séquestration.
La
chancellerie d'Autun condamne le seigneur à la "relâcher",
au motif qu'elle serait décidée à abjurer
comme son fils.
7
septembre 1684 - A qui appartient l'autel de la chapelle du
château de Conforgien ?
Le
curé de St Martin de la Mer, M. Sébastien Champeau,
essaye de récupérer « l’autel de pierre
qui estoit dans la chapelle seize au meillieu de la cour du
chasteau de Conforgien ou presentement l’on fait le presche
».
Pour
justifier ses prétentions, il utilise l'argument suivant
: Louis de Clugny, seigneur de Conforgien , décédé
en février 1504, était un bon catholique, comme
le prouve le fait qu'il a été inhumé
à sa demande dans l'église paroissiale de Saint
Martin de la Mer.
Donc,
si le seigneur était catholique, c'est qu'il n'était
pas protestant. Et donc l'autel du château de Conforgien
est catholique. Elémentaire, mon cher Champeau !
D'autant
plus élémentaire qu'en 1504, il faudra attendre
15 ans pour que Martin Luther se fasse connaître, et
Jean Calvin n'est pas encore né.
A
propos de la sépulture de Louis de Clugny dans
l'église de St Martin de la Mer, qui était gravé
sur le mur nord du choeur (non visible aujourd'hui).
de la
lettre de Sébastien Champeau à l'official
de l'Evêché d'Autun
A
propos de la chapelle (disparue) du château
de Conforgien, voir le
.
Une vierge en bois polychrome du 12ème siècle
provenant de cette même chapelle est exposée
au musée Pompon à Saulieu.
|
Le
comte de Bussy-Rabutin, interdit de cour pour paillardise,
se rachète une conduite à Conforgien
Les
ennuis du comte Louis de l'Isle du Gast d'Olon; seigneur de
Conforgien, qualifié d'ardent religionnaire,
vont s'aggraver au moment de la Révocation de l'Edit
de Nantes.
Il
fut d'abord exilé à Guingamp, ce qui fut préjudiciable
à sa santé, puis interné au château
de Loches, dont les cachots avaient sinistre réputation.
Ses fils sont confiés aux Jésuites.
Le
comte de Bussy Rabutin, son cousin, tenta de le convaincre
d'abjurer. Il y eut échange de lettres ; l’auteur de
l’Histoire amoureuse des Gaules quelque peu emprunté
dans son rôle, nouveau pour lui, de dévôt,
invoqua l’autorité des Conciles dans la réformation
de l’Eglise, et lui, le proscrit de Versailles, l’autorité
du Roi ! Tout semblait en bonne voie : Madame d’Olon, sa sœur
de Jaucourt abjurèrent et promirent de faire tout ce
qui serait en leur pouvoir pour obliger le Comte à
se rendre à la raison.
On
finit par apprendre, qu’ayant trouvé l’occasion propice,
ces dames avaient fui en Angleterre. Quelques années
plus tard, d’Olon à son tour parvint à se retirer
en Hollande où sa femme et sa belle-sœur allèrent
le rejoindre. C'est dans ce lieu d'exil qu'il mourut.
Source
: Annales de l’Académie du Morvan – 1987, bulletin
n°24
« La Réforme en Morvan » par Maurice Boulitrop.
|