Récit
par Jean-François BAUDIAU dans "Le Morvand"
En
1793, la commune de Moux renfermait quelques ardents révolutionnaires,
qui se livrèrent à toutes sortes d'extravagances.
Le
30 pluviôse an II ou 19 février 1793, le républicain, Louis
R[ASSE]. organisa une fête civique, à laquelle avaient été
invités les frères des sociétés de Chinon-la-Montagne et de
Saulieu.
A
l'heure convenue, l'assemblée, ayant à sa tète les autorités
constituées qu'accompagnait la garde nationale, sortit de
la chambre commune, au son des musettes et de la caisse municipale,
pour se rendre au temple de la Raison.
Elle
s'avançait avec majesté, en chantant des hymnes patriotiques
et des chants d'allégresse, et s'arrêtait à chaque instant,
pour crier, avec des transports de joie: " Vive la République,
une et indivisible, vive la Convention nationale , vive la
sainte Montagne, qui a sauvé la patrie !!! "
Le
cortège étant arrivé à l'église, le républicain, organe de
la fête, monte en chaire, changée en tribune populaire et,
dans un discours des plus patriotiques, fit remarquer au peuple,
réuni en foule, de toutes conditions et de tous sexes, que
si, depuis le commencement de la république, jusqu'à ce moment,
il avait essuyé tant de peines et de traïsons, elles ne venaient
que des ci-devant nobles et des prêtres ; que le peuple ne
devait plus avoir, surtout à ces derniers, aucune confiance.
L'orateur
sans-culotte, qui avait cédé sa place à la tribune aux citoyens
Louapt et Cottin, de Château-Chinon, y remonta bientôt, et
demanda au peuple s'il aimait la liberté, l'égalité et la
fraternité. Après cette question, à laquelle on répondit avec
toute l'énergie possible : " Qu'on verserait tout son sang
pour la République ! " Louis R[ASSE] redescendit, entonna
de nouveau des hymnes patriotiques, continuées, à tue-tête,
par toute l'assistance en délire.
Arrivé
sur la place d'armes, chacun déposa en faisceaux, qui sa pique
, qui son fusil., qui son bâton, pour dîner fraternellement
Après ces impures agapes , on reparaît sur la place publique
pour se livrer, autour de l'arbre de la liberté, à des danses
frénétiques, qui finissent par la plantation de deux nouveaux
arbres, ceux de l'égalité et de la fraternité, et enfin par
un feu. de joie, autour duquel chacun manifeste, par des cris
son bonheur du triomphe de la république, sa haine contre
la tyrannie et le fanatisme, en insultant un pauvre prêtre,
que le hasard a conduit au milieu de ces orgies
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