La
paroisse de St Martin de La Mer et ses curés
Paroisse : c'est
un des termes sous lesquels se désigne un village, sous
l'ancien régime. Et la Révolution parviendra à
peine à modifier cette vieille habitude.
A
St Martin de la Mer, comme dans les autres villages de France,
la paroisse est le centre de la vie commune. L'église est
le lieu de rassemblement par excellence, celui où se célèbrent
et s'enregistrent les grands et petits évènements
de la vie des habitants. Le presbytère ou "maison
curiale" est aussi la maison commune. Le curé est
le deuxième dans la hiérarchie des notables, juste
après le seigneur.
Les
curés de St Martin de la Mer
Les noms des
curés de St Martin sont fournis par deux documents : l'acte de
reconnaissance au terrier du Duc de Nevers fait le 15/07/1786
par le curé Claude-François RENARD, et l'inventaire qu'il fait
des biens de la paroisse le 15/12/1790, avant leur vente comme
biens nationaux.
- en 1349
Jean PINCEVIN
- en 1391
Hugues GROTAT
- en 1491
Jean CUILLET
- en 1551
Claude LOMBARD
- en 1662
Hugues de COURTE EPEE
- en 1675
Sébastien CHAMPEAU, présent
lors de la rédaction du Terrier Garnier de 1675
- en 1738
jusqu'au 30/11/1743 Edmée
LALIGANT
- du 01/12/1743
au 17/11/1772 : Pierre Antoine (ou
Andoche ?) MATHEY, mort à Saulieu à
60 ans, le 17/11/1772, enterré à l'église
St Saturnin de Saulieu.
Avant-dernier curé avant la
Révolution. De ce curé, ce texte de 1746 : "Les
habitants et paroissiens de St Martin de La Mer, savoir
ceux des villages de Mâcon, Champrin, La Mer, St Martin
& Conforgien, Islan & Lavault, doivent annuellement
à Pasques, au sieur curé de St Martin, un solz par communiant
; lesdits habitants doivent aussy annuellement à Noël audit
sieur curé cinq sols chaque laboureur, et deux sols six
deniers les manouvriers, à l'exception des villages d'Illan
& Lavault, alternatifs de St Léger de Fourches &
de Saulieu, qui ne doivent annuellement audit Re...? chacune
année que deux sols six deniers par laboureur & un solz
trois deniers par manouvrier, lesquels droits s'appellent
Bichets ; et m'ont été payés régulièrement, tant les sols,
d'une par communiants que Bichets, depuis le 1er décembre
1743, que je possède ce bénéfice jusqu'à ce jour ; en foy
de quoy je signe ; à St Martin de la Mer le dix sept avril
1746." |
Le 6 septembre
1746, le curé Mathey, mécontent parce que les
habitants de St Martin n'ont pas encore construit un presbytère
digne de lui, écrit dans le registre des décès
:
le
6 septembre 1746 : Etiennette BLONDOT 36 ans, morte sans
sacrement pour la résidence que le curé fait à Saulieu par
le défaut de maison curiale et de maison habitable en ladite
paroisse malgré les pressantes invitations que fait ledit
curé aux habitants de le loger auprès de son église pour
être à la portée de leur donner ses soins et les secours
spirituels. |
A bon entendeur,
salut éternel...
Le message
a été bien reçu par les habitants de St
Martin, mais sa réalisation va prendre du temps puisque
le nouveau presbytère ne sera construit que vers 1773,
après le décès du curé Mathey.
Dans la
reconnaissance au terrier du 15 juillet 1786 :
"La
Maison presbitérale de ladite paroisse bâtie depuis environ douze à treize
ans, consistant en
deux chambres de maître avec chacune leur cabinet ;
les deux chambres séparées par un salon duquel on va au jardin, construit
entre le levant et le midy dudit presbiter, dans lequel est
aussy une cuisine,
cave dessous et grenier regnant sur le tout, qui est couverte
en tuilles ;
A
droite, le presbytère de St Martin
A gauche, "le fourni et les petites étables"
une cour par devant, où sont deux corps de bastiment, lun au
nord composé dun fourni et petites étables ; et lautre
au couchant, dune grange et dune écurie, nouvellement
construites par ledit Sieur Curé ; ledit jardin contenant trente
cinq perches /: ou 3 quarts de journal quatre perches un quart
:/ de vingt deux pieds de Roy, le tout construit sur un champ
appelé le Courtil au Moutier, qui fut de la continance dun
journal suivant ledit article 3011 dudit ancien Terrier Garnier
qui fut Serpillon /:
à observer que ledit Champ du Courtil au Moutier passa en toute propriété
audit Sébastien Champeau, quinti pénultième Curé dudit Saint
Martin, qui en disposa par testament du 17 juin 1717 en faveur
de la fabrique dudit Saint Martin, devant Morot Notaire à Saulieu,
bien et düement controllé et en forme :/ et encore sur une haste
de terre, dun quart de journal à chenevière qui appartenoit
à ladite Cure, suivant ledit article 3817 dudit ancien Terrier
Garnier."
- du 17 novembre
1772 à 1816 : Claude François RENARD,
Il est le
curé de St Martin au moment où commence l'histoire du Bois des
Issards. Et il est concerné par ce bois, car la paroisse en
possède une partie dont il assure l'entretien.
En 1786,
il participe à la Reconnaissance des biens de la Paroisse de
St Martin au Terrier du Duc de Nevers
Le 15/12/1790,
il rédige un nouvel inventaire des biens de la paroisse. La
Révolution commence à produire ses effets à St Martin. Il y
a eu publication d'un arrêté du Département de la Côte d'or
le 24/10/1790 et un arrêté du district d'Arnay
le 09/11/1790 ( ) au sujet des biens nationaux. Rien
dans le texte de l'inventaire n'indique quelle est la situation
personnelle du curé Renard.
En 1791,
en raison des circonstances graves que traversait l'église de
France, le souverain pontife avait chargé l'archevêque de Lyon,
Mgr de Marboeuf, de pourvoir aux intérêts spirituels du diocèse
d'Autun dont le siège était vacant. En conséquence, l'archevêque
nomma comme administrateur apostolique du diocèse M l'abbé Antoine
Verdier, sulpicien et directeur du grand séminaire d'Autun.
A son tour l'abbé Verdier choisit parmi ses prêtres des missionnaires
qui, avec autant de prudence que de charité, se dévouaient au
salut des âmes. Alligny eut pour premier missionnaire M l'abbé
Claude-François RENARD, curé de St Martin de la Mer, depuis
novembre 1772 jusqu'à sa mort arrivée le 11 février 1816. Grâce
à cet intrépide pasteur, pendant le tourmente révolutionnaire,
nos ancêtres ne furent pas privés des secours religieux, témoin
la note manuscrite que Mr l'abbé Verdier a laissée dans les
archives de l'évêché d'Autun : "Alligny, 700 communiants et
1000 avec les alternatifs ; missionnaire, Renard, curé de St
Martin" (Source
: BNF - Monographie d'Alligny-en-Morvan - Abbé Jean Bruneau
- 1905)
Son nom
n'apparaît dans aucune liste des prêtres du district
d'Arnay-sur-Arroux ayant démissionné de leur fonctions.
Il n'apparaît pas non plus dans les listes des prêtres
emprisonnés ou déportés. Comme beaucoup
d'autres prêtres, Jean-François RENARD a prêté
serment, mais avec des réserves : vraisemblablement une
condition suspensive liée à l'autorisation de
ce serment par le Pape.
Le 26 mars
1791, le Directoire du District d'Arnay déclare qu'il
n'y a pas lieu "par suite des additions, explications
et restrictions prohibées par les lois" d'admettre
le serment prêté par plusieurs prêtres du
District : RENARD (St Martin de la Mer), PASQUIER (Essey),
DELATROCHE (Châtellenot), CHAVIS (Ste Sabine), LEFRANC
(La Bussière), TRAVAYON (Sussey). Le lendemain, l'assemblée
électorale du District proclame Joseph HOUDAILLE
curé de St Martin de la Mer. Il semblerait qu'il n'ait
jamais exercé à St Martin. En avril 1794, alors
qu'il est curé de St Brisson, paroisse voisine de St
Martin, il fait partie d'une liste de 19 prêtres de la
Nièvre à qui le conventionnel LEFYOT donne 5 jours
pour quitter leurs communes et se retirer à Château-Chinon
pour y rester sous la surveillance des autorités..
Le
22/11/1791 l'état-civil de St Martin indique "CORNESSE,
curé de St Martin". Un Etienne CORNESSE, vicaire
à Liernais en 1787, est cité par J-F Baudiau.
Est-ce le même ? A t-il remplacé Joseph Houdaille
? Les documents de l'époque sont assez confus.
Un livre
de 1933 (L. Charrault - A l'ombre du Morvan) indique que, pendant
la Terreur, le curé Renard se rendait la nuit dans les
paroisses voisines.
Apparemment,
Jean-François RENARD a traversé la Révolution
avec une grande discrétion, tout en continuant à
exercer son ministère..
Il décède
le 11 février 1816.
Curés
des environs :
- Alligny
: Edmé-Alexandre CREPEY (1787),
27/11/1790 "Edme-Alexandre CREPEY, curé d'Aligny et maître
Théodore Nyauld, vicaire de ladite paroisse, conformément
au décret de l'Assemblée nationale du 27 novembre 1790,
sanctionné la 26 décembre suivant, ont prêté le serment
de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui
leur est confiée, d'être fidèles à la nation, à la loi
et au roi, de maintenir de tout leur pouvoir la constitution
décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le
roi." (Source : Archives municipales).
09/09/1795 : rétractation de CREPEY
Avril
1794 : il fait partie de la liste de 19 prêtres
de la Nièvre à qui le conventionnel LEFYOT
donne 5 jours pour quitter leurs communes et se retirer
à Château-Chinon pour y rester sous la surveillance
des autorités.
5 novembre 1795 (14 brumaire an IV) : CREPEY demande à
exercer de nouveau le ministère. Il exerce jusqu'au 07/09/1797
où il quitte la paroisse pour se réfugier chez son frère
à Saulieu.
Il y décède le 18/02/1798.
- Blanot
: Pierre LUCOTTE (1787),
- Brazey
: Claude RENARD (1787),
- Gouloux
: NICOT (ex-capucin) est incarcéré à
Nevers en avril 1794
- Liernais
: Jean-Baptiste BRIET curé (1772), Jean-Baptiste-Nicolas
PICHENOT (1787), Etienne CORNESSE, vicaire (1787),
- Montsauche
: LAIZON fait partie de la liste des 19 prêtres
déjà citée.
- Moux
: GRIMAULT remet dans un premier temps ses lettres de
prêtrise, puis reprend son ministère. En
avril 1794 il est incarcéré à Château-Chinon
(Chinon-la-Montagne)
- Saulieu
: Jacques MORIZE, chanoine à Saulieu (signalé
en 1790 sur le registre de l'état-civil de St Martin),
meurt en déportation à Brouages en 07.1795, âgé
de 49 ans ; Martin MOREAU vicaire en 1790,
- Villiers
: Claude BARAULT (1787)
|
Nota
: de 07/1794 à 1800, l'état-civil de St Martin est
tenu par une personne ayant une orthographe très approximative.
27/04/1802
: Un Louis CARIMANTRAN, 43 ans, curé à Sommant,
est témoin d'un mariage à St Martin. Est-ce le même
que celui qui est curé de Semur ?

En 1816,
lorsque le préfet de la Côte d'Or Hervé de
TOCQUEVILLE reçoit Pierre Lazare COLLENOT, maire de St
Martin, pour faire le point sur l'état de la commune, il
note dans son journal (
) qu'il n'y a pas de curé à St Martin,
et que la paroisse est desservie par le curé de Liernais.
Autres documents sur la paroisse de St Martin
|
|