La vie agricole à Saint-Martin-de-la-Mer

Marie
Rosalie Bonheur dite Rosa Bonheur - 1822-1899. - Labourage nivernais,
le sombrage
Les habitants de St Martin de la Mer ont une activité essentiellement
agricole. Les métiers qui reviennent le plus souvent dans
les registres d'état-civil à l'époque de l'histoire
du bois des Issards (1786-1822) sont, par ordre de fréquence
:
- les manouvriers,
simples ouvriers agricoles,
- les laboureurs,
catégorie plus aisée, propriétaires d'un
ou plusieurs attelages, qui louent leurs services,
- ensuite viennent
les métiers dépendants de l'agriculture ou nécessaires
à l'agriculture : tisserands, meuniers, maréchaux-ferrands,
tonneliers, couteliers
- enfin les
marchands
Les exploitations
agricoles ont entre 14 et 20 hectares.
La
culture
La production
agricole est à dominante céréalière
(entre 65 et 70% des terres cultivables). Les céréales
pauvres, seigle et sarrazin, viennent largement en tête, avec
un rendement faible (environ 3 pour 1 par rapport à la semence).
Le
seigle : la première de toutes les cultures par
la surface. Le record du Morvan en emblavures en seigle est détenu
par le canton d'Alligny-en-Morvan (1100 ha). Le seigle assure le
pain qui constitue alors la moitié de l'alimentation. Il
fournit la paille pour la nourriture et la litière des animaux,
pour la couverture des maisons et la fabrication d'objets divers.
Le
sarrazin ou blé noir
: en surface moyenne, le tiers de celle du seigle.
Le
blé ou froment : en proportion relativement importante
dans le secteur de St Martin. Dans le canton de Saulieu, 26% de
la surface des céréales, dans celui de Liernais 17%.
En dehors des
céréales :
la
navette, pour la fabrication de l'huile
les
navets : ceux d'Alligny sont très réputés
la
pomme de terre ou "treuffe"
le
chanvre : tout propriétaire d'une "ouche"
a sa chenevière, dont les graines produisent de l'huile et
les plantes produisent la filasse pour la fabrication des vêtements
La méthode
d'assolement pratiqué en Morvan est la jachère longue,
avec un repos des terres de 6 à 12 ans. La "chaintre"
est le nom donné à l'origine à cette terre
en repos. Le nom de "chaintre" désigne ensuite
une pâture ou un champ clos de haies.
Les terres sont
engraissées par écobuage et avec du fumier de qualité
médiocre (on ignore la fosse à purin).
Les outils sont
la faux, la faucille, et le fléau. Pour les charrois, on
utilise la charrette à deux roues tirée par des vaches
ou des boeufs.
Les labours
sont faits avec la charrue morvandelle, en bois à l'exception
du soc et du coutre qui sont en fer. C'est un instrument qui ne
remue pas profondément la terre. Le paysan est d'ailleurs
convaincu que les substances du sous-sol, ramenées à
la surface, nuiraient à la récolte ! Cette charrue
sans avant-train, dite demi-charrue, est généralement
tirée par 4 boeufs ou 2 chevaux.
L'élevage
le
porc : chaque ménage élève son porc,
pour la consommation familiale. Cette pratique agit sur l'habitat
: chaque maison a son "tec à pourceau" (toit à
porc = porcherie)
le
mouton : animal assez chétif, décimé
par les épidémies, élevé pour sa laine
les
bovins : de race morvandelle. Selon Degoix, vétérinaire
à Avallon, la vache "est de moyenne, même de
petite taille ; son poil pie-alezan - la couleur blanche se montre
de préférence le long du dos, sous le ventre et à
la face interne des membres, et le poil rouge sur les parties latérales
du corps ; - sa tête est courte, légère, avec
le front large et plat, l'oeil à fleur de tête ; les
cornes, longues et fort gracieusement contournées en S, se
dirigent en avant, en dehors et en haut. Elle a le corps court,
la côte ronde, le rein droit, la croupe large, mais la queue
saillante à sa base. Les membres sont relativement courts
et les os peu volumineux ; cependant, les fesses, quelquefois peu
fournies, souvent rapprochées, rendent l'entre-cuisse étroit
et l'animal un peu pointu de derrière ; le pied est petit
et la corne sèche, luisante et solide". Le bovin
est surtout élevé pour le travail qu'il peut fournir,
pratiquement pas pour sa viande.
La
forêt
Elle représente
plus de 35% des surfaces dans cette région, avec des maximas
de 50% à St Didier et St Germain de Modéon. Les essences
principales sont le hêtre et le chêne, puis le bouleau.
Le taillis prédomine. Le bois des Issards est aussi appelé
"les taillis de St Martin".
St Martin de
la Mer est sur la ligne de partage des eaux entre les bassins de
la Seine et de la Loire, et n'est pas concerné directement
par l'activité-phare du Morvan, le flottage du bois, organisé
depuis l'Arrêt du 26 février 1569.
Les
foires
St Martin est
entouré par des villes où des foires ont lieu fréquemment
: 12 par an à Saulieu, 6 par an à Liernais. Ces foires
à bovins sont l'occasion de rencontres et d'échanges,
de quelques agapes. Elles sont dénoncées par les curés
comme des lieux de perdition. L'observation de certains détails
dans les registres d'état civil laisse penser qu'elles jouent
un rôle non négligeable dans la formation des couples
(une cartographie des mariages dans lesquels un des conjoints est
extérieur au village serait sans doute révélatrice
de ce rôle).

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