Le bois des Issards, à St Martin de la Mer
Au début de cette
histoire, le Bois des Issards est un bois bien tranquille, à
moins d'un kilomètre au nord de l'église de St Martin
de la Mer
Il est composé
de parcelles désignées dans les actes sous les noms
de : "Les Rompeux", "La Fontaine aux Loups",
"le Pré Doizot", "Les Fouillerons", "Les
Issards"
C'est un petit bois, d'une surface
de "52 arpens de 100 perches de
22 pieds de Roy", c'est à dire environ
26,5 hectares.
Avant l'intervention
du notaire Hérard, en juin 1786, le bois des
Issards est composé d'une multitude de parcelles, et "ne
forme plus quune seulle et même masse ce depuis long temps
et tout au moins depuis 1670". Le morcellement
s'explique par l'effet des héritages successifs, et sans
doute parce que le village trouve commode d'avoir à portée
de main un bout de bois pour faire paître ses troupeaux,
pour chauffer ses fours et pour faire ses clôtures. Faute
de savoir à qui appartiennent ces parcelles, le "bois
sest trouvé en si grande confusion" qu'il
a acquis un statut d'espace commun "comme
si réellement ces bois avoient lad nature dusage".
Le statut de ces bois n'est donc pas très clair depuis
plus de 110 ans. Cette "nature d'usage" indiquée
par le document du notaire Hérard en juillet 1786 laisse
supposer qu'ils sont considérés par lui et vraisemblablement
par les habitants de St Martin comme des "communaux",
c'est à dire des terrains à usage collectif. De
cette situation va naître ultérieurement l'imbroglio
que raconte cette histoire.

le bois des
Issards ? - dessin de Joseph COLLENOT à St Martin de la Mer
- 1901
Jean-François
RENARD, curé de Saint Martin, donnera en 1791 sa version
de l'histoire de la parcelle du bois qui appartient à la
Cure : "Lesdits
6 journaux ayant été abandonnés de tems immémorial
ont fait partie des communaux en broussailles dud St Martin. Les
habitants dudit lieu, ainsi que les curés y ont fait couper,
selon leurs besoins, du bois propre aux clotures, jusqu’en 1788,
tems auquel Mr le Duc de Nevers faisant renouveler son terrier,
on découvrit que tous ces bois en brossailles et landes
étoient des propriétés de plusieurs particuliers
qui devaient payer des cens ou redevances énoncées
dans les anciens terriers."
C'est cette situation de non-paiement
du cens par les utilisateurs qui donne au Duc de Nevers la faculté
d'exercer son droit seigneurial de triage,
c'est à dire s'attribuer un tiers de la surface du bois.
Le notaire feudataire Hérard, commissaire au terrier annonce
un rappel d'impôt qui porte sur 26 années d'arrièré
(ce qui est conforme aux règles en vigueur en cas de non-paiement
du cens sur une durée supérieure à 26 ans),
et qui va être partagé en 7 parties égales
entre François Charles, Nicolas Imbert, Lazare Collenot, Philibert
Geay, François Ronsin, Jean Cécile Billiard et Espiard de Mâcon,
le seigneur du village. L'exercice de ce droit de triage, souvent
abandonné par les seigneurs, est réactivé
en cette période où le bois est devenu un produit
cher (voir texte sur les bois en Bourgogne à la fin de
l'Ancien Régime).
Voir
texte sur les
à la fin de l'Ancien Régime.
et
par Guy COQUILLE, juriste nivernais
(1607)
|
Jean-François
RENARD, curé, poursuit sa relation des faits : "En
conséquence le commissaire chargé de la rénovation
du papier terrier fit sommation auxdits habitans de reconnoitre
toute la masse de ces petits bois sous les mêmes redevances
(après avoir invité par différentes publications
tous ceux qui avoient des titres de propriété à
les faire apparoire) ; que faute par eux de s’y soumettre, le
Seigr Duc s’en empareroit. Les habitans consentirent
volontiers a passer solidairement reconnoissance audit Seigneur".
Le mot "volontiers" est-il un trait d'humour du curé
? La date à laquelle il écrit ce texte permet d'en
douter ... mais nous en parlerons plus loin.
Après
l'intervention du notaire Hérard, le 2 juillet
1786, le bois est partagé entre 11 propriétaires
:
Dans
le bois des Issards - L'étang des Crapauds - juillet 2000
-
La
Cure de Saint Martin (trois cent soixante dix perches et demie
- 1,9 hectare)
- Espiard de
Mâcon, seigneur du village (20 journaux - 4,5 hectares)
-
Le sieur François Petillot, perruquier à Saulieu ("trois
journaux au petit journal" - 0,7 hectare)
-
Le
sieur Donet de Conforgien (5 journaux - 1,1 hectare)
-
Madame Laligant de St Martin de la Mer (6 journaux - 1,4 hectare)
- Restent "34
arpens 35 perches valant 76 journaux ¾ et quatre perches et ¼
ce qui fait à peu chose près 78 journaux de bois et buissons"
reconnus le 2 juillet 1786 comme appartenant collectivement et
solidairement à François Charles, chantre de l’église de
St Martin de la Mer, Nicolas Imbert, Lazare Collenot, et Philibert
Geay dit Barbotte laboureurs, François Ronsin et Jean Cécile Billiard
manouvriers (17,8 hectares).
A l'occasion
de la rénovation de son terrier, le Duc du Nivernais va toucher
le rappel de 26 années de cens non-payé. Le notaire
va recevoir la redevance pour rénovation du terrier, et si
le Duc du Nivernais est fidèle à l'image qu'en donne
la Comte Beugnot dans ses Mémoires, une partie du rappel
destiné au Duc. Une forme d'intéressement sûrement
motivante ...
Pas de trace connue du plan cadastral
de 1786 : le plan dressé par le géomètre qui
accompagne le notaire Hérard au moment de la rénovation
du terrier du Duc de Nevers le 2 juillet 1786 n'est pas encore parvenu
jusqu'à nous.Le cadastre
le plus ancien connu est le cadastre napoléonien.
Le bois des
Issards - plan cadastral napoléonien
Le
bois des Issards a plusieurs usages :
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