Les
seigneurs de Saint-Martin-de-la-Mer
En
1786, lorsque commence l'histoire du bois des Issards, plusieurs
seigneurs exercent le pouvoir sur la paroisse de St Martin de la
Mer :
- pour les
hameaux de St Martin (chef-lieu), Mâcon, La Mer, la famille
ESPIARD de MACON
- pour le
hameau de Conforgien, le duc de CHOISEUL-PRASLIN, puis Charles
de Beauvau, qui la laissa à Etienne, son fils
- pour une
partie du hameau d'Island, l'évêque d'Autun.
Seule la famille
ESPIARD est effectivement présente de façon permanente
à St Martin, et réside dans son château de Mâcon.
Elle joue un véritable rôle de seigneur local, avec
toutes les prérogatives données par les droits seigneuriaux.
Le
château de Mâcon - Cour intérieure - 2001
Les autres seigneurs
sont représentés localement par des régisseurs.

Blason
de la famille ESPIARD de MACON Pour
en savoir plus sur la famille ESPIARD et ses diverses branches en
Auxois, voir
"Les
familles C0MEAU et ESPIARD faisaient partie d'une classe nombreuse
de la noblesse militaire, d'au moins 25.000 familles, quittant peu
leurs terres, sinon pour servir le Roi, sans autre récompense que
la croix de Saint-Louis, et qui fut persécutée par des révolutionnaires
envoyés de Paris dans leur région.
En effet,
ils demeuraient au milieu des paysans , dont ils partageaient la
vie, les dirigeaient dans leurs cultures, les aidaient quand la
récolte était mauvaise, s'intéressaient à leurs peines et leurs
joies; Ils les aimaient, et en étés aimés.
Leurs femmes
les secondaient (maison, éducation des enfants, charité, premiers
secours de médecine....).
Leurs maisons
portaient le titre de châteaux, mais la plupart n'avait ni luxe
ni confort.
Généralement
le fils aîné prenait la carrière des armes, puis, arrivé au grade
de capitaine, se mariait et revenait habiter la maison paternelle.
Parmi les autres fils, les uns entraient dans les ordres, d'autres
achetaient des charges au Parlement, et le plus grand nombre à cette
époque suivait une carrière militaire."
(Source : Généalogie
de la famille ESPIARD, par Bertrand et Etienne ESPIARD)
LES
DROITS SEIGNEURIAUX A ST-MARTIN-DE-LA-MER
L'icone
renvoie à l'article du "Dictionnaire" de Claude-Joseph
FERRIERE
Au
statut de seigneur étaient attachées de nombreuses
prérogatives honorifiques, judiciaires, et fiscales. La famille
ESPIARD de MACON, qui a le titre de seigneur "Haut justicier"
a de ce fait, les prérogatives et droits les plus étendus.
En contre-partie, le seigneur assure le "service public"
du village (voir en particulier les "banalités").
Ces prérogatives
et droits résultent à la fois du droit "courant"
et des droits particuliers définis par la coutume du Nivernais
(
voir )
Parmi
les prérogatives et droits de base, il faut citer :
le titre de "Seigneur de Mâcon" (pour la famille
ESPIARD) ;
le droit d'avoir un château ;
le droit d'élever des fourches patibulaires, un pilori
et un carcan ;
des honneurs à l'église du village :
- un banc
dans le choeur,
- le droit
de passer en premier, avec sa famille, dans les processions
et à l'Offrande,
- recevoir
en premier le pain bénit et les cierges,
- lors
des aspersions d'eau bénite, être aspergé séparément,
- être
recommandé en sa qualité de Seigneur dans les prières
du sermon,
- à
son décès, la peinture à l'intérieur et à l'extérieur
de l'église, en signe de deuil, d'une bande de couleur noire.
l'autorisation des danses publiques ;
Autres droits
seigneuriaux dont l'exercice sur les habitants de St Martin
est indiqué dans les textes des reconnaissances. |
St Martin & Mâcon |
Conforgien |
Island |
Amendes Droit de sanctionner des infractions par des amendes |
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Banalité
(four, moulin, pressoir banal) : droit seigneurial emportant
monopole, sur la mouture des grains, la cuisson du pain, le
pressurage des raisins. En contrepartie, le seigneur était obligé
de tenir les installations en bon état, ainsi que les chemins
y conduisant. L'utilisateur paye une redevance pour l'utilisation
de l'installation. Origine féodale |
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Banvin
(droit de) Droit de se réserver, à certaines périodes, le
monopole de la vente du vin au détail. Ce pouvait être lors
des fêtes principales, ou, en fin de saison, avant la vendange,
pour écouler le vieux vin de moindre valeur. Ou aussi 30 ou
40 jours après le ban des vendanges, pour vendre un maximum
de vin nouveau. Les titres de banvin devaient être établis avant
le 1er avril 1560. Le vin que le seigneur débitait ne pouvait
être que de son cru, de ses droits ou de son pressoir banal.
Le droit de banvin pouvait être converti en une taxe sur le
vin vendu par les particuliers pendant ces mêmes périodes. |
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Cens
ou censive Redevance fixe en argent ou denrées que le possesseur
d'une terre devait payer au seigneur dont il relevait. C'est
le plus général des droits seigneuriaux ; il est la marque essentielle
qui caractérise la terre roturière. Il est perpétuel et irrachetable,
et grève les tenanciers successifs d'une terre. Il est généralement
payé à date fixe, après la récolte, souvent le jour de la fête
du saint de la paroisse (St Martin, le 11 novembre). |
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Champoy
ou Champart (droit de) Droit qu'avaient certaines communautés
de faire paître leurs troupeaux dans les bois du seigneur, le
plus souvent dans les pâtures communales = droit de vaine pâture.
Redevance payée au seigneur en contre partie. |
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Chasse à cor et à cris (droit de) le Seigneur Directe possède
le droit de chasser personnellement dans l'étendue de son fief,
s'il est bien délimité. Si le fief est morcelé, il peut demander
le "Cantonnement", c'est-à-dire la fixation d'une
portion de la Seigneurie où il pourra exercer son droit. |
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Corvée
(droit de) On entend par ce terme les journées de travail
que le Seigneur est en droit d'exiger de ses tenanciers (généralement
pas plus d'une par tenancier). La Corvée n'est jamais due de
plein droit, elle doit être prévue par les titres; aussi dans
beaucoup d'endroits, n'a-t-elle jamais existé. La journée de
Corvée doit commencer au coucher du Soleil et se terminer en
sorte que, le Soleil couché, le corvéable soit rentré dans sa
maison. Le Seigneur est obligé de nourrir le corvéable et ses
bêtes. La date de la corvée est fixée chaque année par le Seigneur,
d'après ses besoins, et à condition d'avertir les corvéables
2 jours à l'avance. Le travail de la Corvée ne peut avoir pour
but que l'entretien du Domaine Seigneurial. |
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Coutume
d'honneur (droit de)Usage reconnu et consacré par une longue
pratique, qui a fini par devenir un droit acquis. Se traduit
souvent par le versement d'un revenu annuel en blé, vin ou autre
production, donné au seigneur qui a donné l'héritage à cette
condition. |
avoine
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2,5 boisseaux de grain et 1 poule |
1
poule |
Guet
et garde (droit de) Droit qui obligeait les vassaux à faire
le guet dans le château, et qui fut changé en redevance en argent. |
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Indire
(droit d') Droit féodal par lequel le seigneur pouvait doubler
certaines impositions dans des cas précis Les 4 cas ordinaires
étaient : 1/ le départ du seigneur à la croisade, 2/ son emprisonnement
pour fait de guerre, 3/ le mariage de sa fille, 4/ son accession
à la chevalerie |
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Justice (haute, moyenne et basse) |
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Langue
d'aumailles (droit de) Aumailles : les bêtes à cornes (boeufs,
vaches, taureaux). Droit qu'avait le seigneur de recevoir la
langue de toute bête à cornes abattue dans son
fief. |
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Lods
et ventes : quand le tenancier vend sa terre, le Seigneur
Directe a le droit de percevoir des "Lods". Ce droit
est censé payer l'autorisation du Seigneur à la vente (Lod =
Laudare = Approuver). Les Lods sont généralement du 1/12 du
prix de la vente (toute fraude étant écartée) ou du 1/12 de
la valeur des biens données, s'il y a donation. Les ventes par
engagement donnent lieu a un droit de Lods du 1/24. En cas d'échange,
si les pièces échangées se trouvent dans la directe du même
Seigneur, les lods sont aussi du 1/24; mais ils sont dus au
1/12 si les pièces échangées se trouvent dans des directes différentes.
Dans
la châtellenie de Liernais, le taux des lods et ventes
est de 1/12e (20 deniers par livre).
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Mainmorte
(droit de) Etat des serfs qui étaient privés de la faculté
de tester et de disposer de leurs biens quand ils n'avaient
pas d'enfants : c'est le seigneur qui était leur héritier. En
1789, la mainmorte est très présente en Bourgogne ; elle était
apparue à la fin du XIème siècle dans le sud de la province. |
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Messerie
(droit de) Etendue de la juridiction d'un messier. Messier
: garde-moisson, garde champêtre temporaire, particulièrement
pour l'époque où les fruits de la terre commencent à mûrir. |
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Mesure
(droit de) Droit de donner et de contrôler les poids et
mesures de sa seigneurie. |
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Nomination
des juges, procureurs, notaires authentiques, sergents, garde-bois. |
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Ombrage
(droit d) |
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Pêche (droit de) Les seigneurs avaient droit de pêche dans
les rivières non navigables. Le roi dans les rivières navigables,
mais la pêche à la ligne était libre dans celles-ci. |
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Réparation
des fossés et murailles (droit de) Droit de faire faire
ces réparations par les habitants de la châtellenie |
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Retenue
(droit de) Droit de reprendre la censive vendue par le censitaire,
à condition de lui verser le prix de la vente. C'était le retrait
seigneurial. Equivalent à droit de préemption. |
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Scel
(droit du) = Sceau sur les actes, contrats, etc, avec redevance
au seigneur pour ces actes |
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Taille
Impôt direct qui frappait les roturiers (dû à ?). La preuve
du paiement consistait en une encoche, la taille, effectuée
dans deux bâtonnets ; l'un pour le contribuable, l'autre pour
le percepteur. |
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Taverne
ou tavernage (droit de) Droit payé au seigneur pour tenir
taverne. |
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1 pinte de vin & 1 petit pain |
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Tierces
(droit de) En Bourgogne, équivalent du champart, qui se
lève en même temps que la dîme quand le seigneur est décimateur,
et dont le droit est parfois de "sept gerbes une".
Le développement de la tierce est la plupart du temps lié à
l'exploitation de friches communales. Champart : une dîme, de
quotité variable selon les régions et les époques : de 1/3 à
1/20ème. 1/8ème, qui est le taux du droit
de tierce de la châtellenie de Liernais, est d'un niveau
plutôt supérieur à la moyenne. |
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1/8 |
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1/13 |
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1/15 |
Enfin,
parmi les droits du seigneur, il faut noter le droit de perception
de la dîme, impôt d'église à l'origine.
A St Martin de la Mer, comme dans beaucoup de paroisses, cet impôt
a fait l'objet d'une "inféodation", c'est à
dire que la paroisse a transféré son droit de perception
au seigneur, en contrepartie du versement au curé par le
seigneur de la "portion congrue".
Sources :
- Dictionnaire
de droit et de pratique, par Claude-Joseph Ferrière - Paris
1769
- Le Morvand
- J-F Baudiau - 1867
- Essai sur
la vie des paysans de Liernais et de Villars - Pierre Pivert -
Dijon 1985.
- Dictionnaire
du monde rural - Jean Lachiver,
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