La vie du village de St Martin, au 18ème siècle, sous l'Ancien Régime
Le village de
Saint Martin de La Mer, qui a, à la fin du XVIIIème
siècle, une population de 800 habitants environ, a une vie
dominée par l'activité agricole : culture de céréales,
exploitation des bois, élevage.
La
vie quotidienne est marquée par le rythme des saisons avec
les périodes de travail ou de repos qu'elles imposent aux
laboureurs, manouvriers, et journaliers.
Les principales préoccupations sont :
Devant
la ferme COLLENOT, à St Martin de La Mer
- la famille
et son éducation,
- la maison.
Voir
donnée par les inventaires de succession
- le travail
des champs.
Voir la vie des
- la santé,
- la nourriture,
à base de pommes de terre et de fèves, et une volaille
ou du poisson d'étang de temps en temps
- le bois pour
le chauffage des maisons et des fours, et pour les clôtures
des "héritages"
- l'argent
pour payer
- les biens
de première nécessité, le sel, le tabac,
le vin, les semences et le fourrage quand les récoltes
ont été détruites,
- les impôts.
Dans les de 1789, c'est souvent la
principale revendication, même si la pression fiscale
reste en fait assez modérée. Ce qui la rend
intolérable, c'est qu'elle n'est pas supportée
par tous
- les services
: le curé, le maréchal-ferrand, le charron,
le chirurgien, l'apothicaire et la sage-femme.
Nous sommes
en Morvan, le climat est rude et la terre pauvre. La période
connaît des conditions climatiques qui s'apparentent à
une mini-glaciation.
La gestion du village s'organise autour
de 3 pôles complémentaires :
LA
SEIGNEURIE
A Saint Martin
de la Mer, en 1786, quatre seigneuries et un évêché se partagent
le territoire :
- Les hameaux
de Saint-Martin, La Mer et Mâcon dépendent de la châtellenie de
Liernais (Duché du Nivernais)
- Le hameau
de Conforgien appartient à la baronnie de Conforgien (Duché de
Bourgogne)
- Le hameau
d'Island est rattaché,
- pour
une part, au Comté de Saulieu (Duché de Bourgogne), pour une
part à l'évêché d'Autun,
- le reste
à la seigneurie d'Island
- Le hameau
de Lavault, rattaché au Comté de Saulieu (Duché de Bourgogne)
Chacune exerce
des droits seigneuriaux qui sont différents de ceux de sa voisine.
Voir
à ce sujet
la description que fait J-F Baudiau (1860) de chacune d'elles et
de leur histoire
Châtellenie
de Liernais rattachée au duché du Nivernais |
Seigneurie
rattachée au duché de Bourgogne |
Comté
de Saulieu
et Evêché d'Autun - rattaché au duché de Bourgogne |
Voir
aussi
le tableau des
qui s'appliquent aux habitants de Saint Martin en fonction de
leur hameau de résidence
Dans cette
période pré-révolutiuonnaire, plusieurs seigneurs,
exercent leur pouvoir sur le village de St Martin :
- Le duc de
Choiseul-Praslin. Son fief comprend le hameau de Conforgien. Il
ne réside pas dans le château de Conforgien, et la
seigneurie est gérée par un marchand-fermier, André
COLLENOT, marié à Barbe MARTENOT de la MARTINIERE.
Son fief comprend le chef-lieu, St Martin, Mâcon,
Champrun et la Mer. Il réside sur place, dans un petit
château (plutôt une grosse ferme) situé à proximité du hameau
de Mâcon. En février 1790, le recensement des habitants
par "feu" indique 21 habitants au château de Mâcon
(vraisemblablement les familles ESPIARD et COMEAU -
Voir les pages sur ces familles
et ).
Il est le principal
employeur du village (
voir )
: 9 personnes sont citées dans les registres paroissiaux autour
de 1786 comme employés du seigneur et de sa femme.
Il est le principal propriétaire terrien. Son domaine représente
une part importante (?%) de la surface du village (Espiard de Mâcon
possède une part du Bois des Issards).
Les banalités (fours jusqu'en 17.. et moulins) font de lui un intermédiaire
obligé et coûteux, mais en contre-partie, il assure la permanence
de ce "service public".
Il est le principal percepteur fiscal (cens, taille, champart, droits
divers).
Le
château de Mâcon, demeure de la famille ESPIARD
Il a enfin,
à travers l'exercice de la justice, la domination administrative
sur le village
Quelle est la
nature de la relation entre les habitants de St Martin et leur seigneur
? Deux indices semblent indiquer qu'elle est plutôt bien vécue.
D'une part le seigneur Espiard de Mâcon est souvent sollicité pour
être le parrain d'enfants du village, et d'autre part, bien qu'il
ait combattu dans l'Armée des Princes contre les armées de
la Révolution, il peut, à son retour d'émigration,
faire lever le séquestre sus ses terres et son château,
et les racheter aux nouveaux propriétaires en leur versant
le prix qu'ils avaient payé lors de l'adjudication.
LA
PAROISSE
La paroisse est un cadre de vie essentiel
de l'univers de cette fin du XVIIIème siècle, au point même que
les mots de village et de paroisse sont utilisés l'un pour l'autre
dans la langue courante.
Le curé de St Martin en 1786 est Jean-François RENARD. Il habite
le presbytère (bâti en 1773) appelé "la maison curiale",
situé tout près de l'église.
Il est à noter que pour une partie des hameaux de St Martin, la
paroisse est dite "alternative" avec des paroisses voisines
: tous les ans à la Chandeleur il y a changement de paroisse
de rattachement. C'est le cas des hameaux d'Island, alternatif avec
la paroisse de St Léger de Fourches, et de Lavault, alternatif
avec la paroisse St Saturnin de Saulieu.
Le curé jouit d'une place
à part dans la communauté de Saint Martin : outre le culte et l'enseignement
du catéchisme, il s'occupe de l'état-civil, joue un grand rôle dans
le choix du maître d'école (le "recteur" François CHARLES,
qui est aussi chantre à l'église) et dans celui de la sage-femme
(Anne CANAT), il lit en chaire les ordonnances royales, les annonces
d'adjudication et de convocation d'assemblée. Il joue le rôle de
médiateur dans les conflits de la communauté. Dans l'histoire du
Bois des Issards, il dit lui-même qu'il est intervenu au moment
de la reconnaissance au terrier du Duc de Nevers.
Le presbytère
de St Martin LA FABRIQUE
Elle a en charge l'organisation matérielle
de la paroisse de St Martin.
Elle comporte une assemblée et des mandataires nommés marguilliers
(Nicolas IMBERT, Barthélemy-Marie IMBERT et Barthélemy LE MERLE
en 1786), qui exercent les fonctions de sonneur de cloche, bedeau
et fossoyeur.
Ses moyens financiers sont assurés par des quêtes et surtout par
le revenu des fondations, et ses dépenses (règlement des messes
au curé, entretien décoration et ameublement de l'église et du presbytère,
fourniture de luminaires, cierges et huile, encens) sont contrôlées
par les vicaires généraux.
LES CONFRERIES
La confrérie est une association
avec des activités à caractère religieux et
civil. Rien n'indique qu'il en existait à St Martin. Dans
une paroisse voisine, St Agnan, une Confrérie de St Hubert
a été créée en 1741.
Voir ses statuts.
Cette
confrérie sous le patronage de St Hubert fut fondée
en 1741, "pour porter chaque habitant de la paroisse, à
l'imitation du saint patron, à la pratique des vertus morales
et chrétiennes".
Elle joua un rôle important pour la paroisse de St Agnan
:
- Elle
entretint l'esprit religieux
- grâce
aux battues qu'organisaient ses membres, elle préserva
les métairies isolées des loups qui rôdaient
autour des écuries et attaquaient les enfants
LA
COMMUNAUTE DES HABITANTS
Un édit royal de juin 1787 (pas appliqué
dans tout le royaume) donne à chaque communauté une "municipalité",
ce qui donne un cadre légal à la communauté des habitants.
Elle a été mise en place à St Martin de la
Mer et comprend une assemblée municipale élue par l'assemblée de
paroisse pour 3 ans, composée du seigneur ESPIARD de MACON (président
de droit), du curé Jean-François RENARD, de 3 à 9 membres
et de mandataires (procureurs ou syndics). Avant son élection
comme maire (11 février 1790), le syndic de la Communauté
de St Martin est Pierre COUHARD, 48 ans, marchand à
La Mer.
Le rôle de cette Communauté : règler quotidiennement
les problèmes nés de la vie en commun, en particulier les problèmes
agraires, défendre les intérêts matériels et moraux de la communauté,
entretenir les biens d'usage commun (biens communaux, fontaines,
ponts), fournir des services communs (messier, garde-bois).
C'est l'assemblée de la communauté
des habitants qui se réunit en mars 1789, pour rédiger
son cahier de doléances. Le texte de ce cahier n'est pas
encore parvenu jusqu'à nous mais, s'il a existé, il
est probable qu'il ressemblait à ceux rédigés
dans les paroisses voisines en mars 1789.
L'Assemblée
Constituante (décret du 14 décembre 1789) rendra obligatoire
l'élection du maire et de l'équipe municipale, avec
suppression des fonctions de droit.
Voir le procès-verbal de l' Pierre
COUHARD, sera le 1er maire élu. |